Cœur qui bat…
Pil – 1er Février 2018
Il était allongé au coté de sa femme qui dormait déjà profondément lorsqu’il l’avait rejointe sous l’édredon… Il s’était blotti dans sa tiédeur et dans son parfum de la nuit, un délicat mélange des odeurs de sébum, de dentifrice, de crème pour les mains, et de lessive.
Les claires-voies du volet dessinaient la lumière de la lune sur les murs de la pièce… Et le grand Douglas, agité par le vent, projetait des ombres incertaines, entrainant les ténèbres dans une danse hésitante.
Il appréciait cette conscience du Grand Dehors, le bruissement des arbres, le chuchotement des chats-huants, les stridulations du grillon, le grincement d’un volet… certainement celui du galetas.
Ce Grand Dehors, il le savait au-delà… Un peu loin.
Mais ce qu’il entendait, et ce qu’il sentait plus fort que tout le reste se concentrait dans un rythme à deux temps, absolument et invariablement régulier… Le cœur de son épouse tapait si fort contre ses tympans que tous ses sens le voyaient avec une acuité sidérante.
Bien-sûr, certaines nuits, alors que les ronflements claironnants de Madame signalaient un sommeil abyssal, il s’était amusé à écouter de plus près, avec le vieux stéthoscope en bois de son père, ce qui semblait devenir l’objet de son obsession.
Bien-sûr, il avait enregistré les battements de ce cœur avec du matériel de plus en plus sophistiqué. Bien-sûr il avait réussi à en capturer le bruit. Il avait apprivoisé sa résonnance et son rythme. Mais ce qu’il entendait au travers de ses amplificateurs semblait, au musicien qu’il était, désincarné et desséché.
Lui, ce qu’il voulait, s’était l’écho feutré, les palpitations moites et chaudes, les senteurs des draps et de la peau parfumée mêlées à celle du fer, non moins raffinée, et qu’il imaginait sans peine.
Un jour, il trouverait une solution…
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© 1er Février 2018 Pascale Expilly